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À propos du seder de Pessah


À propos du seder de Pessah – partie 1

Commentaires d’Hervé Rehby

 

Version audio :

(suite : partie 2)

 

Version textuelle :

 

מה נשתנה הלילה הזה מכל הלילות – Ma Nishtana Halayla hazé ?

En quoi cette nuit diffère-t-elle de toutes les autres nuits?

Ce paragraphe de la Hagada est extrait de la Mishna Pessahin 10/3

Les quatre différences spécifiques de cette nuit concernent – le trempage des légumes – la consommation de la matsa – la consommation des herbes amères – la posture couchée et accoudée. L’ordre des questions est différent dans la Mishna. L’essentiel n’est pas là.

La tradition la plus courante a mis en premier l’interrogation suivante:

 » Toutes les autres nuits, אין אנו מטבלין on ne trempe pas (les légumes) אפילו פעם אחת pas même une fois (pour les manger) – cette nuit ci de Pessah on les trempeשתי פעמים  à deux reprises (Karpass/cèleri et Maror/salade) »

On trempe donc le Karpass dans de l’eau salée/citronnée, puis après la lecture de la Hagada on trempe le Maror dans le Harosset (chacun sa recette).

On se demande – on demande aux enfants – le sens de ce trempage Tiboul ? Et de plus à deux reprises ? A quoi fait on ici référence. Les explications habituelles sont connues et sont à renouveler, et nous n’y reviendrons pas. Il est toujours utile d’élargir et de compléter le champ de nos interprétations car « celui qui augmente son récit de la sortie d’Egypte, est digne de louange ».

Nos maitres expliquent que ces deux trempages / Tiboulim sont en relation avec deux occurrences dans la Torah relatives à l’esclavage d’Egypte

La première concerne la vente de Yossef par ses frères. La Tora nous dit que Reuven le mit dans un puits pour éviter que la haine de tous les frères ne conduise à son meurtre; puis Yehouda décida de le vendre à une caravane de Midianites en route pour l’Egypte. Il fallait inventer une histoire, un mensonge pour expliquer cette disparition à leur père « qui préférait Yossef d’entre tous ses enfants  » (Gn 37/3)

Collectivement, les frères égorgent un bouc, signant leur responsabilité conjointe, et trempent la fameuse tunique rayée de Yossef, offerte par son père, dans le sang de l’animal. Le verbe utilisé là est bien  » ils trempèrent – ויטבלו  » (Gn. 37/31) Nous aurions dit aujourd’hui qu’ils trempèrent dans une mauvaise affaire. En voyant la tunique de son fils préféré ensanglantée, Yaakov prit le deuil, « déchira ses habits et… son père le pleura  » (37/34-35).

Cet épisode dramatique constitue la première étape de la descente d’Israël en Egypte et l’élément déclencheur de la spirale qui mènera à un esclavage de 210 ans.  Nos maitres ont retenu le fait de tremper la tunique (dans le sang) et les larmes comme symboles forts de l’esclavage à venir. En souvenir, nous trempons le Karpass / כרפס dans de l’eau salée qui rappelle les larmes de Yaakov. Le choix du Karpass/cèleri n’est évidemment pas anodin. L’explication la plus courante sépare les lettres KRPS en S-samekh – valeur numérique 60 – pour rappeler les שישים ריבוא – 600000 esclaves libérés, et PaReKH voulant dire durement « les égyptiens les asservirent durement בפרך/béfarekh  » (Ex. 1/13). Le mot Karpass vaut aussi 260 comme le mot צער la douleur et la souffrance, celle des esclaves battus et exploités, mais aussi celle de Dieu lui-même « endurant » lui aussi les souffrances de son peuple comme dit le psalmiste  » עמו אנוכי בצרה – Je Suis avec mon peuple dans la douleur  » (Ps. 91/15). D’autres explications issues de la tradition mystique ont été avancées. A développer en parallèle.

Nos maitres font aussi remarquer que Karpass est en fait la contraction de K-ktonet/כתונת et PASS-passim/ פסיםqui rappelle, par ce jeu de mot acronymique, la tunique rayée de Yossef. Ainsi on trempe le Karpass dans l’eau salée, pour rappeler la tunique rayée (ensanglantée) de Yossef entrainant les larmes de son père, épisode qui conduit à l’esclavage d’Egypte, dont nous allons sortir …rapidement ב »ה ; ces larmes de Yaakov auraient pu être corrigées et effacées si en reconnaissant Yossef, ses frères avaient pleuré à leur tour, en guise de remords, de regret, de Teshouva. Mais la Tora nous dit que seuls, Yossef et Binyamin, non présent à la vente de son frère, pleurèrent (Gn 45). Les larmes des frères ne coulèrent pas car  » ils furent stupéfaits – נבהלו מפניו  » (Gn 45/3). Ces larmes qui ne sont pas venues en temps utile, auront le temps de couler, en guise de réparation תיקון pendant la longue nuit de l’esclavage.

Qu’en est-il donc du deuxième trempage – du Maror dans le Harosset ? A suivre,

שבוע טוב לכולכם ושמרו על נפשכם


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Mercredi
8 avril 2020